Il n’y a pas de limites pour cette vedette de la MMA, atteinte de DT1 et chercheuse dans le domaine du diabète

 

Chaque fois que Dessi Zaharieva raconte son parcours de vie avec le diabète de type 1 (DT1), les gens ne peuvent faire autrement qu’être inspirés et éblouis par son récit. En effet, cette jeune femme de 30 ans, reconnue pour sa détermination à toute épreuve, n’a jamais permis à la maladie de l’empêcher de réaliser son rêve de mener une brillante carrière dans la recherche sur le diabète tout en étant une athlète accomplie dans les arts martiaux mixtes.

Dessi et sa famille ont quitté la Bulgarie pour s’installer à Toronto en 1993. Ses parents l’ont amenée à l’hôpital lorsqu’elle avait sept ans pour supposément aller chercher des médicaments. Dessi ne se doutait pas qu’elle passerait la journée à se faire piquer et examiner, et à se faire dire à la fin qu’elle est atteinte de DT1.

« Mes parents étaient très effrayés, ils pleuraient au chevet de mon lit d’hôpital », se souvient Dessi. « L’anglais étant leur deuxième langue, le fait de ne pas comprendre tout le jargon médical du médecin amplifiait considérablement le défi de mon diagnostic pour eux. J’essayais de mieux comprendre cette nouvelle maladie et cette nouvelle vie avec des injections d’insuline au quotidien. »

Apprendre à s’adapter à sa maladie fut exigeant au début, surtout pour la pratique des sports, l’une de ses passions.

« La vie avec le DT1 ressemble beaucoup aux taux de glycémie; il y a de bonnes et de mauvaises journées, des hauts et des bas”, explique Dessi. « Mes plus grands défis étaient souvent liés à la pratique d’exercices. »

Avant son diagnostic, Dessi s’était inscrite à des cours de taekwondo avec son frère. Elle ne savait pas si cette activité aurait un impact sur son DT1, mais elle était déterminée à continuer.

« Lorsque j’étais plus jeune, nous n’avions pas accès à des groupes de soutien et peu d’études étaient publiées sur le sujet », se souvient-elle. « Ma famille ne savait pas non plus que les différents types, intensités et durées des exercices pouvaient avoir un impact sur la glycémie et que le risque d’hypoglycémie est élevé pendant au moins 24 heures après la pratique d’exercices. »

La préparation à des compétitions nationales et internationales d’arts martiaux mixtes a exigé de cette jeune athlète en devenir de faire de nouveaux apprentissages. À l’âge de 16 ans, Dessi s’est taillé une place au sein d’Équipe Canada pour les Championnats mondiaux, une compétition sportive tenue tous les deux ans. Elle est retournée dans sa Bulgarie natale plusieurs étés pour s’entraîner avec l’équipe nationale du pays. Malgré un ménisque déchiré et deux LCA déchirés – sans compter qu’un chirurgien lui a dit qu’elle ne pourrait probablement plus participer à des compétitions – Dessi s’est lancée dans son rétablissement et est revenue en pleine forme. En 2013, elle a participé aux Championnats mondiaux de la Fédération internationale de taekwondo en Bulgarie, où elle a remporté la médaille de bronze dans les combats individuels féminins dans sa catégorie de poids.

« J’essayais de perdre du poids pour participer dans une catégorie de poids inférieure », raconte Dessi. « Cela voulait dire qu’en plus de m’entraîner à fond, je devais aussi essayer de réduire ma consommation de glucides; ce qui a donné lieu à quelques épisodes angoissants d’hypoglycémie la nuit. »

Ces expériences ont déclenché un intérêt pour la recherche sur le DT1, elle voulait en savoir plus sur la physiologie humaine et le métabolisme en contexte de pratique d’exercices. L’année dernière, tandis qu’elle travaillait au laboratoire du Dr Mike Riddell , chercheur financé par FRDJ, Dessi a obtenu son doctorat en physiologie moléculaire, cellulaire et intégrative au School of Kinesiology and Health Science de l’Université York à Toronto. 

« J’ai toujours axé ma recherche sur des stratégies visant à améliorer la gestion du diabète, surtout lors de la pratique d’exercices », dit la lauréate d’une prestigieuse et très prisée bourse d’études supérieures de Vanier Canada pour la recherche doctorale. « Pour moi, ce qui est le plus difficile dans la vie avec le DT1 est que rien n’est jamais pareil d’une journée à l’autre. Nous pouvons essayer de contrôler des situations en particulier, mais l’abondance de variables individuelles exige de faire plus de recherches dans le domaine afin d’établir des lignes directrices et de parvenir à un consensus. 

Au cours des années, Dessi a participé à la Marche annuelle de FRDJ avec sa famille afin d’aider à sensibiliser au DT1 et à amasser des fonds pour la recherche. Elle a même été le maître de cérémonie en 2018 à la conférence nationale sur le leadership de l’organisation.

« Je me sens seule parfois dans cette vie avec le diabète, mais participer aux événements de FRDJ m’a donné une plateforme et un soutien pour partager mes expériences et aussi pour apprendre des autres », dit-elle.

Dessi est aujourd’hui une spécialiste des arts martiaux mixtes et une jeune chercheuse prometteuse. Elle participe aussi régulièrement à Dskate, un camp de hockey et de diabète éducatif pour les jeunes atteints de DT1. Elle fait également partie de l’équipe I Challenge Diabetes, un groupe qui se consacre à créer des possibilités pour aider les personnes atteintes de DT1 de tous les âges à surmonter les obstacles et à trouver du soutien.

Dessi mène une recherche postdoctorale depuis les six derniers mois sous le mentorat du Dr David O’Neal à l’Université de Melbourne en Australie. Parmi les sujets étudiés figurent les systèmes en boucle fermée de prochaine génération, les exercices, la technologie de capteur implantable et l’insuline à action plus rapide.  

« FRDJ a toujours été aussi engagée à amasser des fonds pour mener des recherches de pointe », dit Dessi. « À titre de chercheuse et de personne atteinte de diabète, la volonté de trouver une guérison est un objectif qui est aussi personnel. »  

Dessi espère avoir son propre laboratoire de recherche un jour. Mais une guérison pour le DT1 demeure son souhait le plus cher.

« Une guérison  … serait la liberté et une grande victoire », dit Dessi. « Cela voudrait dire que pour une fois, nous pourrions mettre l’accent sur autre chose que le diabète. Nous n’aurions plus à penser à nos aiguilles, à nos glucomètres, à l’insuline, aux pompes, aux réservoirs, aux canules, aux collations, etc., chaque fois que nous sortons de la maison. Cela voudrait aussi dire que tous les efforts de recherche effectués en équipe ont porté fruit. »

Tandis qu’il s’agirait de la réalisation du rêve de nombreuses personnes, Dessi s’empresse d’ajouter qu’une guérison ne pourra effacer l’impact positif d’avoir grandi avec le DT1.

« Une guérison ne changera pas l’incroyable communauté et le système de soutien qui nous entourent », dit-elle. « Je me suis fait de nombreux amis pour la vie qui sont devenus des membres de la famille, et rien, pas même une guérison, ne pourra jamais m’enlever cela. »

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