Vos questions à Andréane Vanasse, infirmière spécialisée en diabète de type 1

 

 

Je m’appelle Andréane Vanasse. Je suis infirmière clinicienne de profession. J’ai reçu le diagnostic de diabète de type 1 (DT1) en 2002 quand j’avais 16 ans. Je souhaitais devenir enseignante depuis mon jeune âge, mais ce désir a changé après le diagnostic. Je me suis plutôt dirigée vers les sciences infirmières, car je voulais aussi prendre soin des gens et m’impliquer dans la clinique de diabète pédiatrique ou j’avais été traitée quand j’étais enfant. Je suis actuellement infirmière-chef au Camp Carowanis depuis sept ans déjà et j’y passe tout l’été chaque année. S’occuper des enfants atteints de diabète et gérer sa propre maladie en même temps est loin d’être facile, mais je le fais avec plaisir, car je veux offrir un répit aux parents. De plus, les personnes qui vivent avec le DT1 ont le sentiment d’être comprises lorsqu’elles parlent à une autre personne qui en est atteinte. Lorsque je ne travaille pas, j’aime pratiquer des sports variés pour garder la forme.

Au cours de ma carrière d’infirmière, des personnes atteintes de DT1 (parfois leurs familles aussi) m’ont posé toutes sortes de questions auxquelles je n’ai malheureusement pas toujours eu des réponses. Je suis ravie que FRDJ me donne l’occasion de répondre aux questions les plus communes sur la gestion du DT1. Voici des exemples de questions qui me sont le plus posées. 

 

Est-ce que je peux boire de l’alcool? Que dois-je savoir au sujet de la consommation d’alcool lorsqu’on est atteint de diabète de type 1?

Il est évident qu’en tant que professionnelle de la santé, boire de l’alcool n’est pas une recommandation. Cependant, dans notre profession, nous sommes conscients de cette réalité et comme toute habitude, nous conseillons toujours de boire de l’alcool avec modération. Prendre un verre lors d’une occasion ne devrait pas causer de problèmes. Voici quelques trucs pour boire de l’alcool de façon sécuritaire :  

  • Portez un bracelet ou un pendentif qui indique que vous êtes atteint de diabète de type 1.
  • Assurez-vous qu’une personne qui connaît bien votre situation et qui sait quoi faire en cas d’hypoglycémie ou d’hyperglycémie vous accompagne.
  • Mangez ou grignotez en buvant afin de prévenir l’hypoglycémie.
  • Programmez une alarme si vous risquez d’oublier votre injection d’insuline (par exemple votre insuline basale de fin de soirée).
  • Surveillez votre glycémie régulièrement pendant la soirée, mais également pendant la nuit puisque le risque d’hypoglycémie demeure présent pendant les heures suivant la prise d’alcool. Soyez donc prudent afin de ne pas trop corriger votre glycémie si elle est un peu plus élevée au coucher. Si vous habitez avec quelqu’un, il peut être prudent que cette personne surveille votre glycémie si vous ne pensez pas pouvoir vous réveiller durant la nuit. Certains lecteurs de glycémie en continu permettent même d’aviser un proche en cas d’hypoglycémie.

Finalement, n’oubliez pas qu’en cas d’hypoglycémie sévère, si vous avez bu de l’alcool, le glucagon pourrait être moins, ou pas du tout efficace. La seule solution à ce moment sera de vous rendre à l’hôpital le plus près pour recevoir du glucose intraveineux.

Est-ce que je peux faire quelque chose pour éviter les complications du diabète au-delà d’un faible taux d’A1C?

Les complications du diabète peuvent être aiguës (hypoglycémie, hyperglycémie, acidocétose) ou chroniques (neuropathie, rétinopathie, maladie cardiovasculaire, etc.). L’hémoglobine glyquée est un bon indice du contrôle du diabète de façon générale. Plusieurs choses peuvent être jumelées à l’hémoglobine glyquée pour éviter des complications, comme avoir de saines habitudes de vie, éviter de fumer, maintenir un poids santé, contrôler la tension artérielle, manger sainement et faire de l’exercice physique. Tout ceci pourra vous aider à maintenir vos vaisseaux sanguins en santé et à diminuer les risques de complications les plus chroniques. Essayez de diminuer la fluctuation de votre glycémie en ajustant vos doses d’insuline et en raffinant votre consommation de glucides. Si possible, utilisez un lecteur de glycémie en continu même pour une courte durée. Celui-ci vous aidera à mieux comprendre le fonctionnement de votre corps. L’utilisation d’un lecteur de glycémie en continu de façon permanente permettra de détecter les hypoglycémies ou hyperglycémies sans symptômes.

Comment faut-il agir en salle d’urgence et veiller à continuer de surveiller et d’administrer l’insuline pendant que les professionnels de la santé prennent en charge la gestion des soins de santé?

Sachez que le diabète de type 1 est loin d’être la maladie la plus connue des professionnels de la santé. La complexité des différents traitements et l’arrivée des technologies rendent complexe la mise à jour des professionnels qui ne travaillent pas beaucoup avec ces patients. Si vous vous retrouvez dans une salle d’urgence et que vous n’y êtes pas pour une raison qui concerne votre diabète, vous pouvez demander aux professionnels de la santé de vous laisser gérer vos glycémies et vos doses d’insuline. Les équipes sont parfois rassurées de savoir que vous gérez vous-même votre diabète. Si votre état rend difficile la maîtrise de vos taux de sucre, vous pouvez demander à voir quelqu’un qui pourra vous aider. Il y a probablement un(e) infirmier(ère) ou un endocrinologue qui peut vous aider dans la majorité des centres hospitaliers.

Si vous êtes à l’hôpital pour une raison qui concerne votre diabète ou si vous n’êtes pas dans un état qui vous permet de continuer à prendre soin de vous (par exemple si vous recevez une anesthésie pour une intervention chirurgicale), les équipes traitantes préféreront probablement prendre en charge la gestion du diabète. Si un proche est capable de le faire, il pourrait être d’une précieuse aide pour les équipes.

Si vous êtes malade, n’oubliez pas qu’il est recommandé de vérifier régulièrement les glycémies et de prendre au besoin la lecture des corps cétoniques. Vos besoins en insuline pourraient augmenter et dans d’autres cas diminuer, donc il y aura probablement des ajustements à faire!

Je ne comprends pas la différence entre le liquide interstitiel et la glycémie.

Il y a différentes façons d’obtenir un résultat de taux de sucre. On parle de glycémie lorsque l’on prend le résultat directement dans le sang, par exemple lorsque l’on prend une glycémie capillaire. Toutefois, on parle plutôt de glycémie interstitielle lorsque l’on utilise entre autres un lecteur de glycémie en continu. Celui-ci étant installé sous notre peau, il capte le glucose présent entre les cellules du corps. Il faut donc être prudent lorsque l’on utilise une lecture obtenue au moyen du liquide interstitiel puisque celle-ci pourrait être une donnée plus ou moins fiable, car elle a parfois une quinzaine de minutes de retard sur la glycémie prise dans le sang. Certains dispositifs qui vous permettent de lire la glycémie dans le liquide interstitiel ne sont pas approuvés pour calculer les doses d’insuline. Informez-vous si vous utilisez un lecteur de glycémie en continu!

Est-ce que j’ai besoin d’utiliser une pompe à insuline?

Non! Utiliser une pompe à insuline est un choix personnel qui nécessite quand même une bonne réflexion. Cette façon d’administrer de l’insuline demande une certaine rigueur autant en soins qu’en surveillance de la glycémie. Il est possible d’avoir une bonne maîtrise de ses glycémies avec les injections. Les insulines sur le marché permettent d’adapter le diabète à son quotidien, ce qui est aussi le cas de la pompe! Certaines personnes préfèrent ne pas porter un appareil médical sur eux 24 heures sur 24.

On m’a dit de répartir l’insuline 24 heures (longue durée d’action) en deux injections. Quel en est l’avantage? Pourquoi me dit-on de le faire?

Généralement, les insulines à longue action peuvent être données une fois toutes les 24 heures. Chez certaines personnes, l’insuline ne semble pas durer 24 heures, ce qui provoque des hyperglycémies quelques heures avant l’heure habituelle des doses d’insuline à longue action. Il est possible que votre médecin ou infirmier(ère) vous ait conseillé de diviser vos doses en deux afin d’assurer une meilleure couverture et par le fait même une meilleure stabilité dans vos glycémies. Également, chez certaines personnes qui ont tendance à oublier leurs doses d’insuline lente, il peut être plus sécuritaire de diviser les doses en deux!

 

La gestion du diabète varie d’une personne à l’autre. Il est donc tout à fait normal de se poser plein de questions au sujet de la maladie, même longtemps après avoir reçu le diagnostic. Si vous avez des questions urgentes auxquelles je n’ai pas répondu, veuillez me les poser par l’entremise des comptes Facebook, Twitter et Instagram de FRDJ. Il suffit d’utiliser le mot-clic #InfoMedDT1.

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